Cuisine et littérature

Un blog élégant, instructif et délicieux "Boire & manger, quelle histoire" .
Extrait :
Dans le livre ” Le cuisinier de Talleyrand” il y a un passage qui raconte un souper intime offert par Talleyrand et préparé par Antonin Carême et qui m’évoque un de mes meilleurs souvenirs gastronomiques :
- C’est cela qu’il ne faut pas rater, dit la comtesse d’un oeil brillant en désignant, d’un mouvement de son triple menton, le plat sous cloche que reposait le maître d’hôtel à l’extrémité de la table.
Elle lui fit signe et l’homme vint les servir. Il déposa dans leurs assiettes des timbales encore fumantes, closes et dorées, qui ne payaient pas de mine.
- Faites comme moi, lui dit-elle.
Et de la pointe de son couteau, elle découpa le sommet de la croûte. Un parfum magnifique s’en exhala qui embauma soudain tout l’espace.
- Timbales de truffes, commenta-t-elle en salivant. Pâte à foncer très fine garnie à l’intérieur de bardes de lard et de truffes sautées mouillées de sauce financière.
Janez découpa le mets avec délicatesse, chargea sa fourchette d’un peu de pâte et de truffe, nappa le tout du dos de son couteau. Le fragile échafaudage parvint à sa bouche sans encombre. Il ferma les yeux et derrière ses paupières les couleurs dansèrent. Il sentit presque aussitôt le parfum de la truffe exploser. Mais il se concentra sur les sensations de son palais, attentif dans les lointains de ses papilles, à ne sauter aucune des notes de la partition qui s’y jouait. C’était à se damner.

Timbales de truffes